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Les entreprises face au défi de la RSE

Environnement, gouvernance, transparence : la responsabilité sociale des entreprises est de plus en plus un levier de performance éthique et durable. Sur BFM Lyon, le sujet a réuni Frank Petitdemange, directeur régional du groupe Actual et ambassadeur RSE, et Julien Rougier, directeur général de GSF Mercure.

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Jean BERGUE, Julien Rougier, DG GSF Mercure & Frank Petitdemange, dir Groupe Actual Bourgogne, Auvergne, Rhône-Alpes, & Chrystelle PUTHOD BROQUEDIS, BFM Lyon : émission Managers Actuels sur le thème de la RSE
Jean BERGUE, Julien Rougier, DG GSF Mercure & Frank Petitdemange, dir Groupe Actual Bourgogne, Auvergne, Rhône-Alpes, Chrystelle PUTHOD BROQUEDIS, BFM Lyon : émission Managers Actuels sur le thème de la RSE

#economie #coaching #management

RSE : trois petites lettres qui peuvent dire beaucoup. La responsabilité sociale des entreprises n’est pas une simple mode au vernis marketing. « C’est une tendance de fond, qui répond à une véritable attente de la part de ceux qui arrivent sur le marché du travail aujourd’hui », explique Frank Petitdemange, directeur régional Bourgogne, Auvergne, Rhône-Alpes de la société Actual, spécialisée dans l’emploi et la formation. Pour celui qui est également ambassadeur RSE, celle-ci est avant tout « un engagement personnel qui se traduit par une éthique dans l’entreprise ». Une ambition que l’on retrouve même dans le processus de recrutement : à l’intelligence objective, dite « du QI », peut ainsi être préférée celle des rapports humains et de la conscience écologique.
La responsabilité sociétale – ou sociale – des entreprises est définie par la Commission européenne comme « l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. » En résumé, une entreprise qui pratique la RSE va chercher à avoir un impact positif sur la société, tout en étant économiquement viable.
Traditionnellement associée à la préservation de l’environnement et aux relations de travail, la RSE recouvre en réalité un périmètre plus large. En effet, 5 autres questions centrales entrent dans son périmètre : la gouvernance, les droits de l’homme, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local. 
Une nouvelle grille de lecture
La RSE s’impose de plus en plus dans le monde de l’entreprise, quels que soient la taille, le statut ou le secteur d’activité de la structure. Elle représente une grille de lecture totalement nouvelle, qui doit permettre de mieux répondre aux défis d’aujourd’hui – environnementaux, en particulier – et aux attentes de plus en plus fortes des salariés comme des clients. « C’est complètement actuel. Il y a une vraie problématique pour les générations qui arrivent, qui sont très sensibles à l’aspect humain, l’aspect environnemental, et toutes les composantes de la RSE », renchérit Julien Rougier, le directeur général de GSF Mercure, l’un des leaders français de la propreté et de l’hygiène.
Pour ce groupe qui emploie 2400 personnes en région lyonnaise, « la RSE est complètement liée à notre ADN parce qu’on est une entreprise familiale dont la principale activité est de gérer des moyens humains, poursuit Julien Rougier. On s’auto-développe, on s’autofinance et, pour faire face à notre développement, on fait beaucoup de promotion interne en intégrant l’humain au cœur de nos problématiques ».
Au-delà des intentions, et quoique toutes les entreprises puissent engager une démarche de RSE, sa mise en œuvre n’est pas toujours simple. « Beaucoup d’entreprises sont intéressées mais ne savent pas comment s’y prendre. En effet, ce n’est pas inné et il faut bien souvent se faire accompagner sur ces sujets-là », souligne Frank Petitdemange. Car la bonne volonté est nécessaire, mais ne suffit pas. L’approche RSE impose, par exemple, de signer des chartes qui engagent l’entreprise dans la mise en place d’actions concrètes. Celles-ci peuvent alors être évaluées par des tiers, via des labels et des certifications qui apporteront une garantie sur leur réalité. 
Programme d’alphabétisation

La dimension sociétale est prépondérante dans la démarche RSE de GSF Mercure. Ainsi, expose Julien Rougier, l’entreprise a mis en œuvre un programme d’alphabétisation au profit de salariés maîtrisant mal la langue française. Dix salariés en ont bénéficié l’an dernier ; ils seront le double en 2020. Un dispositif qui procure « du bien-être aux participants, dans l’entreprise et dans leur vie de tous les jours », mais est aussi profitable pour la société, qui fidélise ainsi son personnel.
Chez Actual, les actions RSE relèvent autant de la préservation de la biodiversité que du développement personnel (lire par ailleurs). Les entreprises le savent, de nombreux défis restent à relever, afin de répondre aux exigences d’un monde plus durable et plus équitable. Frank Petitdemange conclut : « C’est un engagement éthique, écologique et humaniste pour une société meilleure demain et que l’ensemble des personnes qui se côtoient dans la vie privée comme dans le travail puissent le faire en étant dans la bienveillance et le bien-être. »

 

Actual, du dragon de Komodo à l’équicoaching

Le groupe Actual a fait le choix de s’engager à plusieurs niveaux. En faveur de la biodiversité tout d’abord, avec le parrainage, par la direction régionale, d’un dragon de Komodo afin qu’il puisse être accueilli au sein du célèbre zoo de Touroparc, situé à la frontière du Rhône et de la Saône-et-Loire. Cette espèce en voie de disparition revêt un très grand intérêt pour la science, notamment dans la recherche sur les défenses immunitaires. Par ailleurs, au niveau national, le groupe est partenaire d’apiculteurs pour aider à la survie des abeilles, dont les populations sont menacées par la dégradation de leur environnement alors qu’elles sont indispensables à la biodiversité.
Toujours dans le cadre de la RSE mais davantage sur un plan RH, Frank Petitdemange explique avoir mis en place un programme de développement personnel lors de team building avec ses équipes : « Le but de ces rencontres sur deux jours est de leur apporter une vision plus large, afin de mieux vivre le travail et le quotidien par une attitude constructive, positive et responsable. » Pour ce faire, le directeur régional et ambassadeur RSE peut avoir recours à des méthodes insolites, parmi lesquelles l’équicoaching. Comme son nom l’indique, le travail, conduit sur un mode à la fois collectif et individuel, repose sur la relation homme-cheval. Il doit permettre de mettre en exergue et de développer les capacités relationnelles de chacun (estime de soi, gestion du stress, communication non verbale, leadership, etc).
Enfin, comme c’est le cas dans d’autres sociétés, le groupe Actual pratique le tri des déchets en matière plastique et l’économie de papier. Moins visible mais tout autant essentiel, le traitement des mails est optimisé, car « les datas centers qui stockent les données numériques sont extrêmement polluants en consommation énergétique », souligne Frank Petitdemange.
Retour sur l’émission Managers Actual sur BFM Lyon

RETRANSCRIPTION ÉMISSIONS

Jean BERGUE : « Bienvenue dans ce nouveau numéro de Managers Actuels. Aujourd’hui, on voit un sujet qui est extrêmement important, puisqu’il s’agit de la responsabilité sociétale des entreprises. Pour ce faire, j’ai le plaisir d’accueillir Franck Petitdemange, directeur régional du groupe Actual, et Julien Rougier, qui est le directeur général de GSF Mercure.

Franck, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la responsabilité sociétale des entreprises ? »

Frank PETITDEMANGE : « Il faut penser que c’est d’abord un engagement personnel, qui va se traduire par un aspect éthique dans l’entreprise, pour le bien-être des personnes avec qui on travaille, qui nous entourent, c’est la base de la RSE. »
Jean BERGUE : « Julien, vous faites partie du groupe GSF, est-ce que vous pouvez nous présenter le groupe rapidement et nous expliquer en quoi vous êtes impliqué dans la RSE ? »
Julien ROUGIER : « GSF est une entreprise qui œuvre pour la propreté et les services auprès d’autres entreprises. On va bientôt atteindre un milliard d’euros de chiffre d’affaires, pour à peu près 30 000 salariés en France, dont 2400 en région lyonnaise. La RSE, c’est complètement lié à notre ADN parce qu’on est une entreprise familiale dont la principale activité est de gérer des moyens humains. On s’auto-développe, on s’autofinance et, pour faire face à notre développement, on fait beaucoup de promotion interne en intégrant l’humain au cœur de nos problématiques. »

Jean BERGUE : « La RSE, est-ce une tendance de fond ou un phénomène de mode, comme on peut le voir parfois ? »

Frank PETITDEMANGE : « C’est une vraie tendance de fond, une véritable attente pour les gens qui arrivent sur le marché du travail aujourd’hui. On voit clairement dans les process de recrutement que l’on remplace l’intelligence du QI par cette intelligence-là qui va être le RSE, c’est-à-dire l’humanisme. C’est une tendance qui est en train de se déployer dans beaucoup d’entreprises, mais certaines ont des difficultés pour savoir comment s’y prendre pour mettre cela en place. Ce n’est pas inné et il faut bien souvent se faire accompagner sur ces sujets-là. »
Julien ROUGIER : « C’est complètement actuel. Il y a une vraie problématique pour les générations qui arrivent, qui sont très sensibles à l’aspect humain, l’aspect environnemental, et toutes les composantes de la RSE. »
Jean BERGUE : « Pouvez-vous nous donner des exemples de ce que vous avez appliqué au sein de GSF ? »
Julien ROUGIER : « Localement, on a fait plein de choses, mais je vais parler d’une action qu’on a mise en œuvre en 2019, qui était d’accompagner un certain nombre de salariés à l’alphabétisation. Il faut savoir que, dans notre entreprise, on accueille plus de cent nationalités différentes et notre vocation est de donner des clés à ces gens pour pouvoir réussir dans l’entreprise et aussi dans leur vie de tous les jours. On est une entreprise qui se veut inclusive sur les territoires dans lesquels on intervient, donc on a créé ce programme d’alphabétisation l’an dernier. On a formé 10 personnes pendant 10 mois à raison d’une journée par semaine et, à la fin, elles obtenaient un diplôme qui validaient leurs acquis en termes d’écriture, de lecture et d’expression orale. Ce programme est reconduit en 2020 pour une vingtaine de personnes volontaires. On voit le bien-être que ça apporte à ces salariés et cela nous permet de les fidéliser : c’est extrêmement important, car on est un métier qui ne fait pas toujours rêver a priori… Mais quand les gens rentrent dans l’entreprise, ils ont envie d’y rester. C’est grâce à la RSE. »

Jean BERGUE : « Est-ce que la RSE concerne toutes les structures ou seulement les grosses structures et celles qui sont “consommatrices” de main-d’œuvre ? »

Frank PETITDEMANGE : « Ça concerne réellement toutes les structures aujourd’hui, toutes les entreprises ont envie d’aller vers cette démarche. Il va falloir en effet qu’on avance puisque ça touche plusieurs domaines, la RSE : il y a un aspect écologique, que tout le monde connaît, c’est le premier niveau. Ensuite, il y a l’aspect biodiversité sur lequel on peut s’engager. Mais c’est principalement l’aspect humaniste que les entreprises veulent mettre en place. L’alphabétisation chez GSF, c’est un exemple parfait d’action destinée à accompagner ses collaborateurs.
Jean BERGUE : « Julien, en termes de RSE, on voit qu’il y a plusieurs domaines. Est-ce que vous avez identifié un domaine particulier sur lequel vous êtes ? »
Julien ROUGIER : « Nous, c’est vraiment l’aspect sociétal et social qui est notre plus grosse composante et sur laquelle on investit le plus. »

Jean BERGUE : « Si vous deviez résumer la RSE en une phrase, que diriez-vous ? »

Frank PETITDEMANGE : « C’est un engagement éthique, écologique, humaniste pour qu’on puisse avoir une société meilleure pour demain et de meilleures conditions de travail et que l’ensemble des personnes qui se côtoient, que ce soit dans la vie privée ou dans le travail, puissent le faire en étant dans la bienveillance et le bien-être.
Julien ROUGIER : « C’est d’abord bien intégrer les générations d’aujourd’hui, et, surtout, préparer demain pour un monde plus juste, plus équitable et plus durable. »