Accueil Éducation Tech et mixité : E-mma voit l’avenir en double

Tech et mixité : E-mma voit l’avenir en double

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2017 en France, les femmes, qui comptent pour près de la moitié de la population active, ne représentaient que 28% des salariés dans le numérique. Ce chiffre était encore plus faible dans la Tech, où seulement 16% des salariés sont des salariées. Quant aux fonctions occupées, les femmes sont bien davantage UX designer ou product manager que développeuse, un poste purement technologique (*). Il reste donc du chemin à parcourir pour faire des secteurs du numérique et de la Tech, en pleine expansion, des exemples à suivre en termes de parité. C’est l’ambition que se donne Dipty Chander, jeune développeuse dans un grand groupe informatique (Google), et présidente d’E-mma.

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Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2017 en France, les femmes, qui comptent pour près de la moitié de la population active, ne représentaient que 28% des salariés dans le numérique. Ce chiffre était encore plus faible dans la Tech, où seulement 16% des salariés sont des salariées. Quant aux fonctions occupées, les femmes sont bien davantage UX designer ou product manager que développeuse, un poste purement technologique (*).
Il reste donc du chemin à parcourir pour faire des secteurs du numérique et de la Tech, en pleine expansion, des exemples à suivre en termes de parité. C’est l’ambition que se donne Dipty Chander, jeune développeuse dans un grand groupe informatique (Google), et présidente d’E-mma.

Créée en 2013 à Paris, cette association milite et forme les jeunes femmes comme les jeunes hommes pour que le développement informatique se conjugue davantage au féminin.

Aujourd’hui, E-mma est présente dans 12 grandes villes françaises, parmi lesquelles Lyon, et compte 500 membres… « dont 70% d’hommes, souligne malicieusement sa présidente. Du jamais-vu pour une structure qui agit pour la mixité ! »
Les membres d’E-mma sont tous issus des rangs de la renommée école d’informatique Epitech. Dipty Chander y a elle-même étudié, alors même que l’entrée dans une telle filière était loin d’être garantie. Elle raconte comment, alors qu’elle était lycéenne et devait choisir son orientation, la conseillère de son établissement l’a dissuadée de se tourner vers l’informatique. « Elle m’a expliqué que les métiers du numérique étaient réservés aux hommes et que je ne devais pas aller dans ces métiers car cela allait être très difficile, parce que j’étais une femme. » Déterminée à intégrer cette filière grâce à une passion tenace pour l’informatique et les systèmes, Dipty Chander ne s’est pas découragée. Et a suivi sa voie.
Toutefois, le souvenir des propos de la conseillère d’orientation l’a convaincue de défendre la cause de la mixité. C’est pourquoi elle s’est engagée en 2015 à la présidence d’E-mma, fondée deux ans plus tôt par deux étudiantes d’Epitech pour favoriser l’entraide entre filles. Dipty Chander a tenu à associer les hommes à la démarche de l’association. « Si vous avez en face de vous un développeur ou une développeuse très proche de votre âge et qui a réussi, vous pouvez vous dire que, finalement, vous aussi vous pouvez le faire », estime la jeune présidente.

E-mma intervient dans les écoles, anime des ateliers de code, participe aux manifestations liées au numérique et à la Tech partout en France.

De l’intelligence artificielle au machine learning en passant par le big data, E-mma donne de la voix sur tous les débats qui agitent le monde du 2.0. Au nom de l’égalité femmes-hommes mais aussi de la productivité que favorisent les politiques de mixité.
Sur l’année 2017-2018, l’association a formé plus de 20 000 personnes autour de 500 événements.
Déjà implantée en Albanie et à Barcelone, E-mma souhaite se développer davantage en Europe et à l’international, en particulier en Afrique et aux Etats-Unis. Car le défaut de mixité dans le secteur du numérique n’est pas une exception française. « Nous voulons former les jeunes gens partout sur la planète », s’enthousiasme Dipty Chander, convaincue que le déficit d’éducation sur ces questions de mixité et d’égalité femmes-hommes explique en grande partie la situation.
Si les adhésions sont – pour le moment – réservées aux étudiants d’Epitech, E-mma peut compter sur un réseau d’entreprises et d’associations qui, par leurs dons, lui permettent de fonctionner et de se développer. « E-mma, c’est une passion pour moi », confie Dipty Chander. « Du coup, je travaille beaucoup le soir après mon travail.
Ça ne me dérange pas car, pour moi, il est important de défendre cette cause qu’est la mixité et je continuerai à le faire malgré le temps que mon boulot peut me prendre », ajoute la jeune femme, qui encourage chacun à « continuer à croire en ses rêves et ne pas renoncer ».

(*) Source : Urban Linker, cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers du web

www.e-mma.org
Si vous souhaitez contacter ou aider l’association, une adresse mail : e-mma@epitech.eu

RETRANSCRIPTION INTERVIEW VIDEO
Bonjour, je m’appelle Dipty Chander, développeuse à Google France, je suis récemment diplômée d’Epitech et présidente de l’association E-mma. 

E-mma, c’est une association qui vise à promouvoir la mixité dans les métiers du numérique.

A travers E-mma, nous voulons encourager les petites filles et les petits garçons à aller dans les métiers du numérique et à se dire que l’informatique est accessible par n’importe qui. 

Dipty, peux-tu nous raconter ton parcours?

Lorsque j’étais au collège et au lycée, j’ai découvert que j’étais passionnée par l’informatique. A ce moment-là, ma sœur était en médecine, elle avait un ordinateur sur lequel elle prenait des cours pour ses études et, de temps en temps, lorsqu’elle faisait une pause, j’essayais de prendre son ordinateur et de le manipuler voir ce qu’il y avait derrière, utiliser les applications qu’il y avait sur son ordinateur, et ça a vraiment développé ma curiosité. Et je me suis dit : “je veux faire ce métier, je veux aller dans ce métier, je veux découvrir ce métier.” 
Lorsque je suis arrivée au lycée, j’ai rencontré en Terminale ma conseillère d’orientation, à qui j’ai expliqué : “je veux aller dans un métier dans lequel je vais innover et je pense que ce métier, c’est l’informatique.” Elle m’a dit qu’elle allait me donner une liste d’écoles, c’est ce qu’elle a fait, une liste d’écoles d’économie, droit, médecine, mais aucune école en rapport avec l’informatique. 
Elle m’a expliqué que les métiers du numérique, les métiers de l’informatique étaient réservés pour les hommes et que je ne devais pas aller dans ces métiers car cela allait être très difficile parce que j’étais une femme. Ça a été assez difficile lorsqu’elle m’a dit ça. Ce que j’ai fait, je suis partie de son bureau une fois que la réunion était finie et je lui ai dit avant de partir : “Ecoute, on se revoit dans quelques années.” 
Je l’ai revue quelques années plus tard et elle m’a dit : “Alors, qu’est-ce que tu deviens ?”. Je lui ai dit : pas grand-chose, à ce moment-là j’étais en 4e année à Epitech et je suis la présidente d’une association de 500 développeurs et également à ce moment-là, je travaillais dans un grand groupe informatique. 
Elle m’a dit : “ah bon, est-ce que je peux voir ta carte étudiante ?” Elle a eu du mal à me croire, c’est dommage parce qu’une conseillère d’orientation doit vraiment encourager tout le monde à suivre sa voie, à suivre sa passion au lieu de toujours se dire, telle personne n’a pas les notes qu’il faut ou telle personne ne peut pas aller dans la filière qu’il ou elle souhaite faire.
Comme je disais, le fait que c’était un métier qui allait impacter beaucoup, beaucoup de monde, à travers les applications qu’on crée, et on est toujours à se dire : comment est-ce que mon travail va être utile à la société ? Et l’informatique, pour moi, était le métier qui allait me permettre d’aider beaucoup, beaucoup de monde. 

La genèse de E-mma

E-mma a été créée en 2013, d’un constat qu’on vient d’aborder il y a quelques minutes, c’est qu’il y a très peu de femmes dans les métiers du développement informatique. 
L’association a été créée par deux étudiantes, l’association était vraiment là pour encourager les filles qui venaient à Epitech à faire de l’entraide, à se soutenir. Il était important pour moi, lorsque j’ai pris la tête d’E-mma, de se dire qu’il est essentiel d’impliquer les hommes à cette cause, qui est très importante, de la mixité. Ce que j’ai fait, c’est que je suis allée monter des antennes E-mma partout en France et j’ai demandé aussi aux hommes de s’impliquer car c’est un sujet qui concerne aussi les hommes et aujourd’hui on a plus d’hommes que de femmes dans l’association.
Comme je disais, il y a plus de 500 membres dans l’association, et il y a 70% d’hommes ce qui est du jamais-vu dans une association sur la mixité.
E-mma, dans chaque pays ou ville, il y a des antennes de l’association, il y a des équipes qui gèrent l’association, Paris étant le siège de l’association E-mma. Nous, on propose beaucoup d’ateliers de codes, pour sensibiliser les jeunes, ça fait partie des actions qu’on propose, mais pas que : on va directement dans les écoles, on propose également des initiatives de sensibilisation auprès des jeunes filles et des jeunes garçons en leur montrant que, si vous avez en face de vous un développeur ou une développeuse qui a réussi et qui est très proche de votre âge, finalement, si elle ou il a pu réussir, alors vous aussi. On est vraiment sur la formation, on veut former à travers E-mma un maximum de personnes à l’informatique et se dire que l’informatique, c’est accessible par n’importe qui.

Bilan de E-mma sur ses actions

Je peux vous donner les chiffres de 2017-2018, ils sont sortis récemment. On a formé plus de 20 000 personnes l’année dernière en France autour de 500 événements partout en France et cela implique plus de 50% de filles. On est présent dans 12 villes de France, comme Marseille, Lyon, Toulouse, les 12 plus grandes villes. On est également présent à l’étranger, en Albanie, également à La Réunion, même si ça fait partie de la France mais c’est outre-mer, on a ouvert récemment E-mma Barcelone aussi, et on va continuer à ouvrir E-mma partout en Europe et à l’étranger c’est-à-dire aux Etats-Unis et en Afrique. 

Les grands événements d’E-mma ? 

En 2015, nous avons organisé un événement un partenariat avec ONU Femmes France, des entreprises privées, le Sénat et l’objectif de cet événement était de se mobiliser autour de la campagne HeForShe et d’encourager les femmes à aller dans la Tech à travers des conférences, des ateliers de code que nous avons organisés toute la journée, en France, dans les 12 villes de France en simultané. 
Ensuite, deux autres temps forts à E-mma, ça a été l’année dernière, les 4 ans d’E-mma, on a fêté les 4 ans d’E-mma avec la présence et le soutien du ministre Mounir Mahjoubi, on a pu échanger sur les thématiques comme l’intelligence artificielle, pourquoi on a besoin de plus de femmes dans les milieux liés aux intelligences artificielles, le big data, le machine learning, etc. 
E-mma également propose des petits événements tout au long de l’année, on fait des ateliers de code tous les mercredis après-midi partout en France, et je vous invite à venir assister à ces ateliers. 

Comment se passe ces ateliers et qui forme ?

Dans l’association, on a une entité qui s’appelle E-mma IT, c’est une entité dans laquelle on va recruter des développeurs qui vont venir principalement d’Epitech, ils passeront des tests techniques avec nous avant de rejoindre cette entité et pourront par la suite aller délivrer les ateliers de code. Partout en France, il y a autour de 200 développeurs qui enseignent le code.

Les Projets de E-mma

Nos projets, là on est vraiment sur l’international, on sait que la mixité concerne la France mais pas que, ça concerne aussi n’importe quel pays sur la planète parce qu’il n’y a aucun pays dans le monde qui peut dire qu’il a 50-50 en termes de mixité dans les métiers du numérique et nous, avec notre expertise, on veut aller former toutes les jeunes filles et tous les jeunes garçons de la planète.

Les partenaires de E-mma

On travaille beaucoup avec les entreprises privées et également des associations, et Epitech qui est un gros sponsor pour nous. Ce sont ces structures qui nous permettent d’avoir des dons et cela nous aide à faire vivre l’association.

Comment adhérer à E-mma ?

Pour pouvoir adhérer à E-mma, malheureusement, pour le moment on ne l’a réservée qu’aux étudiants d’Epitech mais vous pouvez très bien soutenir notre initiative en nous contactant par l’adresse email : e-mma@epitech.eu

Un message pour les jeunes filles sur le digital 

Le message que je passerais à tous les jeunes filles et jeunes garçons, ça serait vraiment de rêver, d’oser rêver et de se dire que, si je suis passionné(e) par tel ou tel métier, j’ai la capacité de le faire, il suffit juste de ne pas renoncer et de continuer à croire en ses rêves.

E-mma, finaliste au concours Challenge Women in Tech

Cette année, on a participé à un concours qui s’appelle le Challenge Women in Tech et nous avons eu la chance d’être sélectionnés parmi les finalistes. La finale aura lieu très prochainement et nous espérons, comme nous avons été sélectionnés dans la catégorie éducation, nous espérons pouvoir la remporter.
Le concours Challenge Women in Tech permet à des initiatives telles que E-mma de pouvoir être mises en avant, en valeur, de pouvoir les remercier de ce qu’ils font au quotidien, et surtout donner de la visibilité à ces initiatives.

Combien de temps passes-tu pour l’association E-mma ?

E-mma, c’est une passion pour moi et, du coup, pour l’association je travaille beaucoup le soir et ça ne me dérange pas car, pour moi, c’est important de défendre cette cause qu’est la mixité et je continuerai à la faire malgré le temps que mon boulot peut me prendre. 
Au siège d’E-mma à Paris, il y a 4 femmes et 3 hommes, on est assez mixte dans notre bureau.

Les éléments clés de E-mma 

Je dirais que, parmi les éléments qui nous ont vraiment marqués, depuis 2015 on voit de plus en plus de jeunes s’intéresser au développement mais surtout s’intéresser aux initiatives qu’E-mma fait. On se rend compte que, finalement, dire que l’éducation n’est pas au cœur du manque de diversité, et bien c’est faux. Pour réussir à avoir plus de femmes dans la Tech, on est obligés de passer par la formation car la formation permet de donner à ces femmes de la confiance et de se dire qu’elles peuvent aller dans ces métiers. 
2015 a vraiment été la date où il y a eu un gros mouvement autour d’E-mma qui a pu montrer que ce que l’on fait est pertinent et que l’on a besoin de plus d’initiatives telles qu’E-mma. »
Interview réalisée dans les locaux de Google France par la rédaction de Press Relations Lyon